Résumé de la conférence de M. Christian BRUNIER, Directeur général SIG, Hôtel Mövenpick, Genève le 23 Janvier 2020

Le bonheur au travail

En 2014, après l’épisode, qui a été qualifié de façon un peu excessive, de scandale des éoliennes, je prends la tête des SIG. Il fallait réorganiser l’entreprise qui avait été secouée, notamment dans ses relations avec la presse et le monde politique, mais aussi car notre activité était en train de changer. La moitié de notre chiffre d’affaire, qui est d’environ un milliard, était sur le point de basculer d’un marché monopoliste vers un monde de concurrence et libéralisé. Un changement de culture était nécessaire. Mais d’abord nous avons décidé de rassembler le personnel qui était divisé entre le soutien à l’ancienne direction et la volonté de changement.

Tous les collaborateurs ont travaillé pour déterminer les valeurs communes qui font la force des SIG. Un processus qui a permis de ressouder la société et de définir nos points forts autour de quatre axes : proximité, durabilité, excellence, audace. Nous avons notamment décidé de nous concentrer sur notre marché local et de ne plus entrer en concurrence avec les PME du canton, par exemple au niveau du service de dépannage et d’entretien. Il est anormal qu’une entreprise publique soit en concurrence avec des électriciens ou des chauffagistes privés. Déjà en 2014 nous avions compris que les interactions sociales allaient devenir de plus en plus forte avec des exigences environnementales importantes. Les tendances de la société vont vers davantage de règles éthiques, avec des clients qui deviennent des partenaires et des consommateurs actifs. Nous avons repensé notre évolution technologique en fonction des nouveaux outils à disposition, notamment dans le domaine des communications. D’ici 20 ans, la moitié des métiers d’aujourd’hui aura disparu. Tout change très vite. Les meilleurs managers ne sont pas forcément les plus intelligents mais ceux qui savent aussi faire preuve d’adaptation et de flexibilité.

Notre culture d’entreprise est désormais basée sur la confiance, y compris au niveau des horaires, mais avec une sanction exemplaire en cas de tricherie. Les employés peuvent choisir entre un horaire «badgé» ou à la confiance. Il est par exemple possible de travailler 40% de son temps hors site et la charge de travail est fixée de semaine en semaine. Le personnel bénéficie de plus d’autonomie avec plus de responsabilité. Les places de travail individuelles ont été remplacées par des espaces dynamiques. Inutile de donner de grands bureaux aux cadres qui sont les employés le plus souvent à l’extérieur. Nous avons mutualisé les espaces et les moyens avec une optimisation des processus, des déplacements et l’introduction d’une vision zéro papier. Le travail distribué est un mode d’organisation du travail dans lequel une personne adopte librement le meilleur lieu (l’entreprise, son domicile ou ailleurs), le meilleur espace de travail et le meilleur moment pour accomplir ses tâches. Pour cela il faut une nouvelle organisation du travail et faire évoluer les pratiques à tous les niveaux. Résultats, nos charges d’exploitation ont baissé de 8% en 5 ans, ceci sans coupes linéaires, sans avoir recours à des consultants et sans diminutions de poste à périmètre équivalent. Les SIG sont désormais vus comment une entreprise attrayante par les jeunes talents qui arrivent sur le marché du travail. Le bonheur ne se décrète pas, mais un employeur peut et doit influencer positivement le cadre de vie professionnel de ses équipes. Des gens bien dans leurs basquets sont plus heureux et plus productifs. C’est gagnant pour les employés et pour l’entreprise.

 

(Résumé : Luigino Canal)

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