Résumé de la conférence de M. Blaise MATTHEY, directeur général FER, Vice-président OIE et membre titulaire du Conseil d’administration du BIT.

Préoccupations de l’économie: 5 grands défis pour l’humanité & le monde des affaires

Dans le monde des affaires, cinq grands défis nous attendent : la température, les tensions, le commerce, la confiance et la technologie.

Le premier trend est lié à la crise climatique et, notamment la nécessité de réduire nos émissions de CO2. Cette dimension va clairement nous impacter de manière substantielle dans les prochaines années. En 2018, le principal secteur émetteur était l’électricité avec 41%. Pour les voitures électriques, les pompes à chaleur ou le cloud, de l’électricité est nécessaire. Cela ouvre le débat sur la question de sa production, avec, notamment, l’utilisation du charbon, du pétrole ou du nucléaire. Le deuxième émetteur de CO2 étaient les transports. Le transport maritime international, par exemple, a pour objectif d’arriver à 0% d’émission d’ici 2030. Enfin, l’industrie et la construction représentaient en 2018 18% des émissions. Pour réduire massivement les émissions de CO2 et lutter contre le réchauffement climatique, les pays doivent adopter une stratégie appelée NET Zero qui demande des efforts colossaux. L’objectif global de cette stratégie établie par l’Agence Internationale de l’Energie, consiste à ne plus émettre d’émissions de CO2 en 2050.

En 2030 déjà, 60% des ventes de véhicules légers devront être électriques. En 2035, on souhaite avoir 100% d’électricité neutre en CO2 dans les économies avancées. Le président chinois a déjà dit que cela ne devrait pas se réaliser au détriment de la croissance de son pays. Ce sont parfois des dossiers qui étaient déjà sur la table il y a 20 ans. Pour améliorer les immeubles existants, souvent locataires et propriétaires n’arrivent pas à s’entendre sur les mesures à prendre et leurs coûts. Ces objectifs seront compliqués à atteindre, surtout sans centrales nucléaires.

Le deuxième défi touche les tensions et la sécurité. Sur le plan des tensions et de la géopolitique, l’Ukraine et l’Asie sont notamment concernées.
Sur le plan de la sécurité, la menace s’est transformée, avec la numérisation tous azimuts suite au télétravail à cause du Covid, et l’on observe désormais de nombreuses cyberattaques. Impossible de se protéger à 100%. Les attaques des Etats et des groupes mafieux se multiplient. En moyenne, il faut 64 jours pour remettre en fonction tout le système informatique d’une entreprise hackée. Et le cloud n’est pas plus sûr. Les PME tardent encore à mettre en place les mesures nécessaires. Il est essentiel d’investir dans la protection des données. C’est un enjeu nouveau mais fondamental.

Troisième point, le commerce. Actuellement, la chaine d’approvisionnement mondiale est perturbée à cause des restrictions au niveau de la production. Mais plus généralement, il y a des conflits entre Etats, notamment sur le rôle de la Chine à l’OMC. La Chine ne souhaite plus être l’usine du monde et s’oriente vers la haute technologie. Qui va la remplacer ? L’Afrique ? Dans ce contexte la question fiscale est aussi importante. Il faut que la place suisse reste attractive, le problème sera de trouver les mesures à prendre en conséquence. Par ailleurs, comment garantir aux entreprises suisses l’accès au marché européen alors que le Conseil fédéral a renoncé à l’accord-cadre avec Bruxelles ? Les accords bilatéraux ne suffiront pas, il faudra s’adapter.

Quatrième point, la confiance. Elle est mise à mal en particulier dans le domaine politique. A Genève c’est quasi permanent. Il en est de même dans le monde, avec de fausses informations circulant sans cesse sur les réseaux sociaux.

Enfin, la technologie. Nous sommes dans la cinquième révolution industrielle. Celle des données, de l’internet des objets, de la robotique avec la concordance entre l’humain et la machine. Comment faire fonctionner les entreprises face à cette nouvelle donne, avec quelles compétences pour les collaborateurs ? Il faudra requalifier les gens pour leur donner les moyens de ne pas être exclus, à terme, du marché de l’emploi. Heureusement la Suisse est un pays innovant, notamment grâce à la pharma, ouvert et multiculturel. Mais le pays est en retard sur les technologies de l’information. Il serait bien d’obtenir la gouvernance du monde numérique à Genève.

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