Résumé de la Conférence de M. Eric MAIRE
Conférencier au mcei suisse

Genève reste-t-elle toujours attractive pour les entreprises internationales ?

Une des premières missions de l’état c’est de collecter l’impôt, après des entreprises et des personnes, puis de le redistribuer à la communauté.

Environ 75% de l’impôt provient des individus.

Comme une entreprise, un état a deux sources de développement pour augmenter sa croissance : endogène et exogène. À savoir, maintenir les sociétés existantes dans le pays tout en facilitant l’éclosion de nouvelles entreprises localement, et attirer des investissements étrangers.

Dans les deux cas, les conditions-cadres proposées sont essentielles. C’est une responsabilité politique de nos élus.

Quelles sont ces conditions-cadres ? Offrir la liberté de commerce et une législation peu contraignante. Ensuite une fiscalité attractive, notamment via des accords bilatéraux et de libre- échanges pour favoriser les exportations.

Proposer une main-d’œuvre qualifiée qui soit loyale avec un coût du travail compétitif.

Au centre du monde, la Suisse dispose d’une situation idéale pour traiter avec l’Asie le matin et avec les Etats-Unis l’après-midi. De plus, le pays bénéfice d’une stabilité politique et monétaire, ainsi que d’une sécurité du droit, notamment au niveau de la propriété intellectuelle.

Si le CEO à souvent une valeur prépondérante dans le choix du lieu, au sein d’une entreprise, deux départements sont en première ligne pour le choix d’une localisation, celui des ressources humaines et celui des finances et de la fiscalité.

Ces deux acteurs ont des attentes antinomiques, l’un veut le meilleur espace pour les futurs talents, l’autre cherche l’optimisation fiscale et des coûts minimaux.

Les facteurs prioritaires pour le choix d’une localisation sont, dans l’ordre d’importance : la fiscalité pour l’entreprise, bien que ce critère tant à se réduire, mais aussi des collaborateurs expatriés; la qualité de vie (loisirs, écologie, culture); la qualité et le degré de qualification de la main-d’œuvre locale; la centralité avec un accès aux marchés internationaux; la disponibilité et la réactivité des autorités locales; la proximité d’écoles internationales réputées; la capacité des collaborateurs locaux de parler plusieurs langues et, enfin, des lois flexibles sur le travail.

Lorsqu’un pays élabore ses conditions cadres il doit tenir compte de l’ensemble de ces facteurs. En Suisse, de nombreux organismes ont la charge du développement économique. Mentionnons, au niveau fédéral, le Switzerland Global Entreprise, et, pour la Suisse occidentale, le GGBA avec les cantons de Genève, Vaud, Fribourg, Berne et Neuchâtel. Sans oublier les ambassades et consulats.

On observe une bonne harmonie entre ces acteurs avec une saine concurrence.

Les entreprises qui s’installent en Suisse occidentale actuellement sont principalement actives dans la technologie, elles cherchent des ingénieurs, le Swiss made et des compétences.

Il y a aussi les sièges internationaux des sociétés, les entreprises actives dans les brevets ou axées vers le médical, la logistique, le sport et des fondations philanthropiques.

Le nombre d’emplois des entreprises qui s’installent a fortement diminué ces dix dernières années, à la suite de nouveaux modèles opérationnels. La tendance est à des entreprises plus agiles, plus dispersées et moins localisées.

Par le passé, la Suisse avait une fiscalité très différente selon les cantons, elle variait entre 0% et 37%. Depuis le vote de 2019 sur la nouvelle loi fédérale sur la fiscalité des entreprises, les taux d’imposition en Suisse se sont fortement harmonisés. Le plus haut étant BE (21,4%), le plus bas ZG (11,85%), la moyenne est à 17,06%.
La Suisse propose la Patent Box qui permet de déduire le double de ses dépenses en R&D, ce qui réduit fortement ses impôts pour les entreprises technologiques. Ceci est valable pour toutes les entreprises, suisses ou internationales.

Il existe aussi la Tax Holiday (arrêté Bonny), qui offre une exonération pendant 10 ans sur l’impôt cantonal et communal dans certaines zones, pour autant que des investissements et des emplois soient créés.

Enfin, au niveau mondial, 136 pays veulent instaurer un minimum de 15% d’impôts sur les bénéfices pour les entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 750 millions d’euros. Les Suisses vont voter sur ce sujet.

Que peut faire la Suisse pour être plus attractive ?

Un accord avec l’EU pour garantir l’accès à son marché est important.

Le système bancaire doit être amélioré notamment au niveau de la facilité pour ouvrir un compte pour les entreprises.

La collaboration intercantonale est aussi à revoir pour favoriser plus de synergies, ainsi que la fiscalité pour les fonds d’investissement qui est beaucoup trop lourde actuellement.

Une abrogation de la fiscalité sur la fortune des entrepreneurs pour les entreprises en démarrage serait une bonne mesure, tout comme une réduction de la charge administrative des entreprises et une plus grande souplesse dans l’octroi de permis de travail pour les étrangers.

Enfin, il faut accélérer la transformation digitale de l’économie suisse (état et entreprise).

Sur le plan international, la Suisse est souvent bien placée au niveau de la qualité des employés, de l’innovation, des universités, etc., mais ses principaux challenges face à l’UE sont son coût de la vie très élevé et sa fiscalité des personnes physiques.

Certains CEO payent plus d’impôts en Suisse qu’ils n’en payeraient en France !

 

(Résumé Luigino Canal)

 

 

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